Journaliste, affabulateur

L’histoire dit que le fameux Louis Butin est né dans des conditions insolites. C’était l’été, ses parents se promenaient le long d’une pente, près d’un étang de la forêt d’Orléans. Camille, sa mère, fut prise de contractions ; l’accouchement était précoce. Charles Butin, son père, un professeur de médecine qui se serait préféré artiste, entreprit de délivrer le nouveau-né sur place. Après des heures de labeur, le vagissement du bébé résonna sur les berges. Mais, à l’instant où Charles coupait l’ombilic, l’enfant échappa des bras de sa mère et roula, roula le long de la pente jusqu’à l’étang.
Charles courut à la suite de son bébé, la peur enroulée autour de l’estomac.
Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir que son enfant barbotait dans l’étang avec l’aisance d’une tortue !

Son enfance fut bercée dans un confort bourgeois. Louis Butin dévorait des livres et composait des odes à sa mère ; il écrivait sans discontinuer. Mais il ne possédait qu’un goût médiocre et son attirance pour les récits abracadabrants n’aguerrissait pas son esthétique. Il rédigeait des contes absurdes.
L’adolescence de Louis Butin fut marquée par sa rencontre avec Oscar Braque. Les deux amis échangeaient de nombreux points de vue esthétiques ; ils fondèrent un premier comité artistique qu’ils baptisèrent CSU. La pauvreté de leurs premières productions n’augurait en rien une glorieuse carrière dans les arts. En parallèle, Louis Butin subissait vivement son éclosion sexuelle, dont les prémices apportaient une touche baroque à sa constitution romantique. Il rédigea de brefs récits pornographiques dont la profusion de thèmes laissait augurer un imaginaire bizarre.
Ses années scolaires marquèrent son style d’une ironie indéfectible.

Ses études de droit, puis de lettres, affirmèrent sa personnalité littéraire. L’étudiant Louis Butin révéla une opiniâtreté à la carrière artistique. Il avait alors déjà effectué quelques voyages sur l’île de Dérim.
Durant ses études, Louis Butin rencontra une jeune femme qui sut donner du sens au fatras baroque de son imaginaire.

Quelques années plus tard, il rencontra, à l’occasion d’une promenade, le professeur Augustin Roussette, un éminent poète et sociologue marseillais. Ils se trouvèrent un goût commun pour un roman de Stevenson, Le Maître de Ballantrae. La suite de la conversation livra bien d’autres points de convergence dans l’esthétique de ces deux hommes, déjà amis. Ils fréquentèrent par la suite de nombreux estaminets pédagogiques en compagnie de l’écrivain Paul Moreau.
Louis Butin entraîna son camarade Roussette sur l’île de Dérim, qui n’est pas sans évoquer Marseille et ses environs, la chaleur estivale de la Méditerranée, l’Orient à portée d’esprit… Voici peut-être pourquoi ils y retournèrent souvent et glanèrent tant d’histoires.

Quelques années d’enseignement ont apporté à Louis Butin et Augustin Roussette la matière d’un Dictionnaire pittoresque du collège.
Louis Butin est également le traducteur et le premier éditeur de récits de Dérim.

 

 

© Oscar Braque, Louis Butin et Augustin Roussette