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Il est sorti d’un bouquet de flammes par un matin froid d’octobre, dans une morne plaine picarde. Le bébé était intact. Recueilli un temps par des bohémiens, il fut retrouvé finalement par sa mère, qui avait âprement sillonné la contrée après la mystérieuse disparition de son enfant.
Ses premières années d’existence l’entraînèrent de Beauvais à Tours, à la suite de sa mère. Celle-ci remarqua une attitude inhabituelle chez le môme : de temps à autre, il grattait le sol compulsivement, à la recherche de fossiles, disait-il. Il lisait de nombreux livres illustrés sur les dinosaures. C’est ainsi qu’il se forma en lui un certain goût pour la physiognomonie : l’apparence de ces bêtes reflétant leur fonction.
Il aborda enfin à Orléans, en remontant la Loire avec sa famille.
Dès le premier jour au collège de cette cité, il rencontra Louis Butin. Leurs tempéraments portés à l’imagination s’achoppèrent et fomentèrent ensemble des révolutions artistiques, mais rien de vraiment transcendant.
Oscar ne passait pas un instant sans crayon à la main. Il couvrait des cahiers entiers de dessins, en marge ou en pleine page. Son talent lui valut, comme beaucoup de jeunes dessinateurs adroits, une admiration sans bornes de ses camarades. Il savait faire preuve, déjà, d’une certaine verve comique.
Il suivit, ensuite, un cursus d’arts appliqués à Blois. Vers la fin de ses années au lycée, il découvrit avec son ami Louis Butin, sous un appartement de la rue Sainte-Catherine, à Orléans, un gouffre qui menait à l’île de Dérim, par un boyau étrange et confus.
Alors qu’il tentait ici ou là de trouver un sens à sa vocation artistique, il fut frappé de folie et se réfugia dans une caverne, avec un chien. Là, il recouvrit sa grotte de dessins. Il décréta que la vérité sortirait de la caverne, que la toute vérité est tranquillité de l’esprit. Il travaillait sans relâche, la nuit, à la lueur de bougies.Parfois, il s’absente et passe des mois entiers sur Dérim ou sur d’autres continents connus de lui seul.
De ses milliards de dessins, il arrive que l’un parvienne aux hommes hors de la caverne, comme une révélation – un bout de papier emporté par le vent, un cryptogramme parfait, vérité et mensonge, ambiguïté du sens, parole divine ou hyperbole narcissique.
© Oscar Braque, Louis Butin et Augustin Roussette